Jeune, Intellectuel et extrême.
Certains travaux universitaires de Olivier Cumin, enseignant à l’université Lyon III Jean Moulin, tente de réhabiliter l’œuvre de l’auteur nazi Carl Schmitt. Il expose l’actualité des thèses de Carl Schmitt portant sur les relations internationales. Dans un article publié sur internet, Olivier Cumin tente de montrer la pertinence des thèses allemandes en matière de relations internationales pendant la seconde guerre mondiale.
Un tel travail de réhabilitation de la thèse de Carl Schmitt est une démarche intellectuelle courante dans le champ universitaire qui tend à distinguer l’engagement politique de l’auteur et la pertinence philosophique de sa pensée. En son temps, un même débat a eu lieu autour des travaux du philosophe Martin Heidegger.
Pour ses défenseurs, l’intérêt de la pensée de Carl Schmitt ne s’inscrit pas dans un contexte historique précis mais davantage dans le dialogue philosophique auquel il se fait l’écho. Carl Schmitt propose, en autre, une relecture critique d’auteurs de la philosophie moderne comme Hobbes.
Le travail de David Cumin ne procède pas de la sorte. Les limites chronologiques de l’étude et les références bibliographiques par un jeu de renvoi à des notes de bas de page mentionnant des auteurs de la « nouvelle droite » française permettent d’établir une absence de prise de distance de l’auteur qui semble entériner dans leur ensemble les thèses de relations internationales soutenues par les intellectuels national-socialistes de l’époque mais aussi leur implications pratiques : la non-intervention des alliés et le maintien de la politique du troisième Reich.
L’article d’Olivier Cumin figure sur le site internet du Groupe de recherche et d’études pour la civilisation européenne (GRECE) en 2001. Le site du GRECE est un site qui avait pour proche collaborateur : Pierre Vial, Jean Garaudy et Jean-Paul Allard. Pierre Vial, enseignant à l’université Lyon III est un proche de Bruno Mégret. Jean Garaudy a été condamné pour des propos antisémites. Jean-Paul Allard a été suspendu par l’université pour des propos négationnistes. Les liens hypertextes qui figurent sur le site sont particulièrement éloquents : ce sont des mouvements de jeunesse d’extrême-droite néo-paiens.
En droit français contrairement à l’Allemagne, la liberté d’expression du corps enseignant des universités ne peut être restreinte que dans la simple limite de l’incitation à la violence et à la haine raciale, de propos négationnistes et de l’apologie de crimes de guerre et de crime contre l’humanité. Les propos tenus par le jeune et inexpérimenté enseignant Olivier Cumin dans son article ne semble pas répondre à ce type de qualifications pénales, ni même impliquer de sanctions disciplinaires au sein de l’université. L’article paru est une simple publicité des convictions politiques d’extrême droite de leur auteur.
Le rapport de Henry Rousso, demandé par le ministère de l’Education nationale et composé de spécialistes reconnus et indépendants en histoire, a été publié en novembre 2004 après plusieurs mois d’enquêtes. Le rapport dresse un historique détaillé des affaires propres à l’extrême droite et au négationnisme qui ont émaillé l’histoire de l’université lyonnaise.
A propos de l’université Lyon III Jean Moulin, le rapport mentionne un seul recrutement récent d’enseignant qui pourrait laisser présumer des convictions d’extrême droite : il s’agit de Isabelle Rozet-Grazioli, maître de conférence en allemand recruté en mutation le 18 mai 2000 qui a publié un article dans la revue du GRECE et dont le mari, un proche de Jean-Paul Allard, a tenu une librairie d’extrême droite à Nancy. Le nom de Olivier Cumin n’est jamais cité dans le rapport. Le rapport conclue « le problème relève aujourd’hui plus d’une interprétation du passé que d’une urgence du présent ».
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home